Derrière les faits

L’art de la guerre dans le Fact check

Les équipes se préparent : recherche d’informations pendant quatre jours, ciblage de nombreuses sources à contacter.

Conclusion : le glyphosate est un sujet délicat, qui ne fait même pas consensus au sein de la communauté scientifique. Le Circ croise le fer avec l’Efsa.

La communication est plus facile aujourd’hui que jamais, on attaque sur tous les fronts !

Source 1 : Monsanto

Nous contactons l’entreprise par email, par téléphone et via Facebook. Objectif : avoir accès à l’étude mentionnée. La source ne donnera jamais signe de vie.

Alors lire des articles sur le sujet : ceux de Coralie Schaub dans Libération ou de Stéphane Foucart dans Le Monde. Aucune information précise n’est donnée sur les chiffres avancés par Monsanto, mais nous relevons quelques noms de scientifiques interrogés.

Indics 1 : Scientifiques et experts 

Monsieur et madame Bourguignon, docteur en microbiologie du sol et maître en sciences. Ils dirigent un laboratoire d’étude des sols et ont écrit l’ouvrage : Manifeste pour une agriculture durable. Nous leur téléphonons et leur envoyons un email pour leur demander un entretien. Réponse : aucune.

Monsieur Caplat, ingénieur agronome, auteur du livre Changeons d’agriculture. Contacté par email. Réponse: aucune.

Monsieur Julien Demenois, correspondant 4P1000 (quatre pour mille) des sols pour la sécurité alimentaire et le changement climatique au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). Contacté sur LinkedIn. Réponse: aucune.

Monsieur Patrice Dumas, chercheur au Cirad sur l’adaptation au changement climatique en situation d’incertitude sur les sujets de l’eau et de l’agriculture. Il est l’un des auteurs de l’étude « Carbon Benefits Index », parue dans Nature le 13 décembre 2018. Réponse : aucune.

Grâce au site Les expertes, nous trouvons les coordonnées de Laure Mamy, chercheuse au sein de l’unité Ecosys (Écologie fonctionnelle et écotoxicologie des agroécosystèmes) de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra). Elle nous accorde un entretien téléphonique de 30 minutes.

Indics 2 : Institut scientifique

l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) contacté via leur service de presse par téléphone.         « Envoyez-nous votre demande par email. » C’est fait. Réponse: aucune.

Nous n’avons donc obtenu qu’un seul retour. Un seul entretien de 30 minutes pour évoquer, entre autres, le glyphosate et son impact sur l’empreinte carbone de l’agriculture, avec une scientifique agronome, mais pas experte du sujet.

Cela ne nous arrête pas. Nous lisons et comprenons des études scientifiques grâce à nos compétences de groupe élargies.

Indics 3 : Études

L’étude utilisée par Monsanto n’est pas consultable en ligne.

Aucune étude publiée n’affirme ce chiffre, ni aucune relation entre glyphosate et empreinte carbone de l’agriculture européenne. Quelques notes scientifiques sur le site de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) évoquent les taux d’utilisation du glyphosate selon les cultures. Une prospective, Agri-Terra Monde, écrite par des chercheurs du Cirad et de l’Inra, s’intéresse au futur de l’utilisation des sols face aux problématiques de sécurité alimentaire et de changement climatique, disponible gratuitement (340 pages), mais qui ne répond pas à notre question précise.

L’information est partout, les moyens de communication n’ont jamais été aussi nombreux, et pourtant, il n’a pas été possible d’échanger avec un expert du sujet, ni de trouver une étude précise nous permettant de vérifier ce qu’affirme Monsanto.

FACT 1 – CHECK 0

 

M.Veys ; C.Beaumel ; M.Arnaud ; J.Chaillaud ; J.Pelisson ; N.Koskas